Interview avec Sacha, Expert Junior pour Autre Terre au Burkina Faso
Sacha, a été le tout 1er Expert Junior à rejoindre notre nouveau partenaire Autre Terre. Intégré au Programme SIA à Ouagadougou, Sacha – Expert Junior Synergies, Suivi et Evaluation – a renforcé les synergies et complémentarités entre les acteurs de l’agriculture familiale durable du Programme, ainsi qu’avec
la société civile Burkinabè. Ce programme est commun à SOS Faim, Iles de Paix, Autre Terre (3 ONGs partenaires du Programme Junior) actives dans
la promotion de l’agriculture familiale durable et de l’économie sociale
pour un monde plus juste.
Mais qui es-tu Sacha ?
Je m’appelle Sacha Bronfort. J’avais 26 ans au moment de mon départ au Burkina Faso au printemps 2019. Je suis diplômé d’un Master en sciences et gestion de l’environnement dans les pays du Sud. J’avais déjà effectué un premier voyage au pays des Hommes Intègres en 2017 dans le cadre de la réalisation de mon mémoire.
“ Mon diplôme en poche, j’ai cherché à réitérer une expérience internationale, et me suis heurté à beaucoup de refus. Le monde de la solidarité internationale était assez fermé, et très souvent, une première expérience était exigée. ”
Après du travail de bénévolat, je me suis porté volontaire dans une ONG française de lutte contre la désertification à Montpellier, le CARI, où je devais coordonner les activités d’une plateforme d’associations, de scientifiques et de collectivités locales actifs notamment dans la promotion de l’agroécologie comme moyen durable de lutte contre la dégradation des terres au Sahel et sur le pourtour méditerranéen.
J’avais eu vent du Programme Junior en 2017, et j’ai pu postuler au premier appel du Programme Junior (version 3) reconduit en 2018. .
“ Pour moi, le Programme Junior est un peu le « tapis rouge » pour accéder au monde très fermé de la solidarité internationale. ”
J’ai postulé à 2 postes en lien avec l’agroécologie et l’environnement, sans trop grandes convictions, imaginant un processus de sélection très « élitiste ». De surprise en surprise, j’ai finalement gravi toutes les étapes du recrutement pour me voir assigné au poste d’Expert Junior Synergies & Suivi-Evaluation pour l’ONG Autre Terre au Burkina Faso.
Quel est ton rôle au sein du projet ?
Je fus donc affecté au Burkina Faso, pays d’Afrique de l’Ouest enclavé entre le Mali, Niger, Togo, Bénin, Ghana et la Côte d’Ivoire. Je vivais dans la capitale, Ouagadougou, une ville cosmopolite très animée, pour y travailler pour une période de 2 ans.
Installé dans les locaux de l’ONG liégeoise « Autre Terre », avec les partenaires des ONGs SOS Faim et Iles de Paix, nous avons contribué à la promotion de l’agriculture familiale durable et de l’économie sociale et solidaire pour un monde plus juste.
Mes tâches principales consistaient à identifier, impulser et accompagner des synergies entre les 9 partenaires du Programme commun. Au-delà du Programme, mes missions de synergies ont également touché les autres ONG belges et leurs partenaires, ainsi que d’autres réseaux de la société civile travaillant sur la thématique de l’agroécologie (CNABio, COASP, CCAE, GT Agriculture/SPONG, 3AO…).
A côté de ces activités principales, j’ai pu toucher à beaucoup d’autres domaines d’activité de l’ONG comme la communication par la rédaction d’articles, le montage de projet, l’élaboration budgétaire, l’organisation d’évènements, l’animation d’ateliers (bio-intrants, semences paysannes) et les formations.
Depuis 2016, le pays est en proie à une recrudescence d’attaques terroristes qui sévissent principalement au Nord et à l’Est du pays, ce qui a eu inévitablement une répercussion sur mon travail, en m’empêchant d’effectuer des activités de suivi à plusieurs reprises. Un peu frustrant au début, je me suis cependant rapidement adapté à ces éléments contextuels.
Qu’est-ce que cette expérience t’a permis de découvrir au niveau personnel, de tes compétences ?
Mes activités touchaient fort au relationnel : connaître chaque acteur ou structure, identifier leurs difficultés, leurs forces, leurs besoins… Au fur et à mesure des semaines qui passaient, j’ai gagné en confiance en moi.
J’ai développé des compétences en animation de groupes, où je testais différentes méthodologies de travail, des « icebreaker » ou « energizer » parfois… originaux !
“ Initialement peu habitué à prendre la parole en public, j’ai dépassé mes appréhensions pour finalement être franchement à l’aise. J’ai également pris confiance dans mes capacités et ma légitimité à négocier ou faire de la médiation. ”
J’ai cependant parfois été désenchanté par le « système » que représente la coopération/solidarité internationale. Le système d’octroi de perdiems pour participer à des ateliers ou des réunions, initialement instauré par des structures internationales de développement, avait tendance à pourrir certaines de mes activités, et il me semblait être le seul à m’insurger contre ce système.
J’ai également dû surmonter des défis liés à la passivité des acteurs lorsque je leur proposais de faire des activités non-financées (par exemple, du partage d’expérience, des réunions avec d’autres acteurs). Les moyens financiers ont pu être des facteurs extrêmement bloquants, qui ne l’auraient jamais été en Belgique.
Comment envisages-tu l’après Programme Junior ?
A la suite à cette expérience de 2 ans au Burkina Faso, j’ai décidé de continuer à œuvrer pour les ODD mais depuis la Belgique.
” Ce choix a mûri durant de longs mois, et le soutien de ma coach (mise à disposition par la Programme Junior tout au long de mon expérience) m’a permis d’y voir plus clair dans mes envies et mes besoins. “
Après avoir contribué à la promotion de l’agroécologie au Burkina, je vais continuer à travailler dans les systèmes alimentaires durables en Belgique. Une semaine après mon retour en Belgique, j’étais déjà engagé en tant qu’animateur au CIEP (Centre d’Information et d’Education Populaire), organe d’éducation permanente émanant du MOC de Liège.
Je ne perds cependant pas le lien avec la solidarité internationale, puisqu’une partie de mon temps sera consacrée à faire de l’ECMS3 pour l’ONG du MOC, We Social Movement… La boucle est bouclée !
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