Renforcer la résilience des pays ACP face aux crises grâce au numérique
Dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), le programme DIRECCT appuie la connectivité et la numérisation d’acteurs de la santé, de l’éducation et des petites entreprises afin de leur permettre de mieux faire face aux crises actuelles et futures. Les acteurs de ce programme se sont rassemblés à Paris pour échanger sur leurs défis et lancer des coopérations.
Une forte dynamique de collaboration
Création d’une plateforme e-learning de cours en open source pour les étudiants d’Afrique de l’ouest et des Caraïbes, guide de formation aux outils numériques pour le personnel médical des centres de santé des 3 régions ACP, atelier commun de capitalisation des projets éducation, lutte contre les inégalités de genre face au numérique, élaboration d’un Memorandum of Understanding entre les deux grandes agences régionales de santé des Caraïbes et du Pacifique : plus de 20 collaborations ont émergé entre les acteurs du programme DIRECCT au cours du séminaire qui s’est tenu à Paris à la mi-octobre.
Venus d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, ces partenaires ont pour point commun de mettre le numérique au service de leur action : améliorer les soins par la numérisation des centres de santé, mieux contrer les épidémies avec des systèmes régionaux de données, rendre plus accessible l’enseignement supérieur via la mise en ligne des cours ou encore accompagner des entrepreneurs dans l’adoption d’outils numériques pour leur permettre de développer leur activité.
Des collaborations entre acteurs du Sud global
« La santé, l’éducation et le secteur privé sont des piliers fondamentaux du développement. L’objectif du programme est de permettre aux acteurs de la santé, de l’éducation et des petites entreprises des pays ACP de poursuivre leurs liens avec leurs clients, leurs étudiants et leurs patients pendant les crises, qu’elles soient sanitaires, sociales ou économiques. » a expliqué Thierry Barbé, chef de l’unité Science, technologie, innovation et numérisation des partenariats internationaux de la Commission européenne.
« Par exemple, les études ont révélé que les entreprises qui étaient plus engagées dans la numérisation de leurs process ont mieux résisté à la pandémie. » a ajouté Camarou Bello, responsable du département institutionnel de la CCI du Bénin.
Pour les porteurs des projets, le séminaire a constitué un moment privilégié pour exposer les défis communs et surtout pour s’engager à collaborer. « Grâce à la mise en commun de nos richesses intellectuelles et culturelles, nous pouvons aller plus loin. », confirme ainsi Yawo Seyenam Amenyuie Kavege, Conseil National du Patronat à la Chambre de commerce et d’industrie du Togo.
A titre d’exemple, dans le domaine de la transformation numérique des PME, 3 chambres de commerce et d’industrie d’Afrique de l’ouest ainsi que l’agence Caribbean export, l’agence belge Enabel et l’ONG Oxfam se sont engagées à partager leurs outils de formation des entrepreneurs.
Dans le secteur de l’éducation, plusieurs collaborations techniques sont prévues entre les projets du Pacifique et d‘Afrique dont, notamment, la formation des enseignants à la création de cours en E-learning dirigé par l’institut de Recherche pour le Développement (IRD) et appuyé par l’Agence Universitaire Francophone (AUF)
Au-delà des activités techniques, les porteurs de projets ont également prévu d’étudier ensemble plusieurs thèmes de capitalisation au cours des prochains mois tels que, par exemple, l’appropriation des outils numériques par les bénéficiaires finaux ou encore la gestion responsable et sécurisée des données de santé.
Le numérique pour résister aux crises
Financé par l’Union européenne à hauteur de 15,4 millions d’euros, et placé sous le patronage de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), le Programme DIRECCT soutient ainsi des projets qui bénéficieront à 55 pays de ces régions. Lancé en 2021, il est mis en œuvre conjointement par l’Agence française de développement (AFD) et l’agence belge de développement Enabel.
En ligne avec l’objectif européen de construire un numérique centré sur l’humain, le séminaire a également permis de réfléchir aux manières de mettre l’utilisateur et le citoyen au centre de la réflexion, de respecter les droits notamment en matière de données personnelles et encore de construire un numérique inclusif.
« L’enjeu est de mettre le numérique au service de la vie citoyenne. », retient Marie Bjornson-Langen, directrice des transitions politiques et citoyennes à l’AFD, lors de son discours d’ouverture du séminaire.
« Nous avons également mis en place un programme spécifique pour le genre, tous les projets sont suivis, épaulé et ont construit un plan d’action. C’est un sujet essentiel pour nous, Enabel, AFD et l’Union européenne. » a ajouté Capucine Gonnord, responsable du programme DIRECCT pour Enabel
Le lancement et le suivi des activités
Une réelle dynamique s’est créée au cours de ce séminaire et les promesses de ces collaborations devront se confirmer dans les mois qui viennent : chaque projet a élaboré un plan et un calendrier pour les 12 prochains mois pour mettre en œuvre ces activités communes. Le rôle du programme DIRECCT sera de les aider à maintenir cette dynamique.
« J’espère que nous resterons en contact au travers des réseaux pour échanger les informations et partager ce que nous avons appris pour atteindre nos objectifs de développement du numérique » a conclu Philip Jackson, Responsable de l’innovation et des affaires numériques, agence de développement des exportations des Caraïbes.
Rendez-vous est donc pris dans quelques mois pour un premier bilan de ces collaborations.