Rapport d’activités 2022-2023 – Avant-propos
L’an dernier, nous avons posé plusieurs jalons importants. Un nouveau contrat de gestion a été conclu entre l’État belge et Enabel. Les programmes pays avec le Congo et le Mozambique ont eux aussi été renouvelés. Et nous espérons en conclure trois autres en 2023. La somme de tous ces jalons se traduit par un cadre important dans lequel Enabel est à même de poursuivre le déploiement de ses activités.
Et ce, sur fond d’un monde toujours plus imprévisible. Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une nouvelle guerre brutale se déroule, pour la première fois depuis des décennies, sur le sol européen. La guerre et les séquelles de la pandémie ont fait flamber les prix des denrées alimentaires et de l’énergie à travers le monde.
Les conséquences de la crise climatique, avec ses phénomènes climatiques toujours plus extrêmes, se font sentir un peu partout. Toutes ces crises entraînent une hausse du nombre de personnes dans le besoin. À l’heure actuelle, notre planète compte pas moins de 32,5 millions de personnes réfugiées. En 2022, plus de 103 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur habitation en raison de violences ou de catastrophes naturelles.
Nous sommes donc face à un choix : soit nous nous retranchons derrière des portes closes et faisons l’autruche en espérant que les problèmes se résoudront d’eux-mêmes, soit nous reconnaissons ces problèmes et faisons quelque chose pour y remédier.
Et c’est précisément ce que font au quotidien les centaines d’employé·es d’Enabel, que ce soit à Bruxelles, Kinshasa ou Ramallah. Animé·es d’une ouverture d’esprit et avec un objectif clair en tête, ils et elles s’attaquent, dans le monde entier, aux problèmes, en collaboration avec les organisations partenaires. Ce faisant, Enabel a démontré à plusieurs reprises que la solidarité fonctionne.
Et ce n’est pas une sinécure. La Coopération belge est en effet essentiellement active dans des endroits où les besoins sont grands. C’est précisément dans nos pays partenaires qu’on relève la plus forte concentration d’extrême pauvreté. Ces pays sont par ailleurs les plus vulnérables au changement climatique. Les droits humains, la démocratie et le bon fonctionnement de l’État de droit y sont loin de couler de source.
Notre coopération n’a dès lors pas pour mission de soutenir des gouvernements ou des régimes – elle est là pour aider les personnes. Des personnes ordinaires avec des rêves ordinaires.
‘Ce dont les personnes rêvent au Congo ou au Sénégal n’est pas tellement différent des préoccupations rencontrées à Malines ou à La Louvière : un toit au-dessus de leur tête, un travail qui fait bouillir la marmite, un environnement dans lequel les enfants peuvent grandir et apprendre en toute sécurité et liberté. En bref, avancer dans la vie.’
Et sur ce plan, Enabel peut se targuer de bons résultats : de l’encouragement de l’entrepreneuriat féminin à l’utilisation du biogaz à usage domestique en passant par l’investissement dans la protection sociale. Les nombreux programmes et projets sont décrits dans le présent rapport annuel. Chaque euro investi dans un enfant qui peut poursuivre sa scolarité plutôt que devoir aller travailler est un euro correctement dépensé.
La crise climatique constitue l’un des plus grands défis à notre prospérité. Et l’exemple par excellence prouvant la nécessité absolue de la coopération internationale. Se contenter d’ériger des murs chez soi n’empêchera pas la prochaine inondation. Si les personnes vivant au Mozambique peuvent mieux se préparer aux effets du réchauffement climatique, il y a moins de risques qu’elles aient à fuir après une énième tempête violente ou mauvaise récolte. Et pour cela aussi, nos partenaires peuvent compter sur l’engagement d’Enabel.
Maintenant que la vision à court terme, l’intérêt personnel et la violence brutale gagnent à nouveau du terrain, il est d’autant plus important que nous fassions contrepoids, dans le monde entier, à l’influence de plus en plus prédominante des régimes autoritaires qui méprisent les droits humains. Avoir des extrêmes au pouvoir rime avec recul de la prospérité. Dans ce cas, ce sont les droits des filles et des femmes qui sont les premiers à être mis sous pression. Et lorsque les femmes et les filles sont opprimées, c’est toute la société qui s’appauvrit.
Cela aussi représente un défi de taille à relever dans nos pays partenaires. Malgré ces circonstances difficiles, Enabel continue d’étendre ses activités. Nous allons précisément là où peu d’autres s’aventurent. Cela nous permet d’engager un dialogue avec les gouvernements et de mettre sur la table des questions épineuses, telles que les droits humains et la corruption.
‘La solidarité internationale n’est pas une question de choix, où nous investissons soit dans notre propre société, soit dans les personnes dans le besoin dans le reste du monde. La solidarité internationale n’est pas non plus une question de charité. C’est juste une question de bon sens. ‘
Renforcer les populations à travers le monde, c’est aussi renforcer notre propre population. Investir dans la solidarité internationale revient à investir dans l’avenir de chacun·e.