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09 octobre 2024

La coopération internationale est une nécessité géopolitique, économique et humaine

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La coopération internationale n’est pas seulement un acte de solidarité mondiale ; c’est un investissement stratégique qui offre de nombreux avantages à la Belgique, à ses entreprises et à ses citoyen·nes. Dans un monde caractérisé par une instabilité politique croissante, l’inégalité, le changement climatique, les pandémies et les pressions migratoires, l’engagement de la Belgique en faveur de la coopération internationale rime avec atouts majeurs. En encourageant la stabilité, la croissance et la durabilité dans les pays partenaires, la Belgique renforce en effet ses propres sécurité, économie et réputation internationale. 

 

La coopération internationale a trait aux migrations, à l’économie, à l’énergie, au commerce, au climat, à la santé et à l’agriculture, autant de défis stratégiques pour la Belgique en vue de protéger sa prospérité. La coopération internationale offre un effet de levier.

La Belgique est en effet un pays tributaire des autres. Notre économie est liée à celle de l’Europe et l’Europe au reste du monde. Et pourtant, le poids relatif de l’Europe à travers le monde régresse en raison de changements démographiques et de la stagnation de notre productivité. Le récent rapport Draghi sur l’avenir de la compétitivité européenne souligne également que […] « L’Europe est particulièrement vulnérable. Nous sommes dépendants d’une poignée de fournisseurs de matières premières essentielles, en particulier la Chine, alors même que la demande mondiale de ces matières explose en raison de la transition vers l’énergie propre […]. Si l’UE n’agit pas, nous risquons d’être vulnérables à la coercition. » L’UE a autant besoin du monde que le monde a besoin de l’Europe. C’est pourquoi l’UE doit valoriser la coopération internationale et l’intégrer en tant qu’outil stratégique, et non la considérer comme un pis-aller. La Belgique peut prendre l’initiative dans ce domaine en bénéficiant de l’expérience et de l’expertise accumulées par Enabel ces 25 dernières années avec ses partenaires d’Afrique et du Moyen-Orient.

Et l’Afrique est tout particulièrement nécessaire pour nous, car ce continent représente un atout considérable. Une population jeune – l’âge moyen en Afrique est de 18 ans – qui ajoutera jusqu’à 800 millions de personnes à la main-d’œuvre mondiale d’ici à 2050, 70 % de terres arables non cultivées, 70 % du potentiel solaire mondial, des minéraux critiques pour la transition énergétique et des emplacements idéaux pour le captage et le stockage du carbone. La plupart de ces ressources essentielles font défaut à l’Europe, qui souffre par ailleurs d’une population vieillissante. Mais elle possède par contre le capital financier, culturel et de connaissances ainsi que l’expérience requise pour construire et intégrer des marchés. En nouant des partenariats solides avec nos pays partenaires et en contribuant à l’amélioration de l’environnement socioéconomique dans ces pays, nous contribuons à assurer notre propre avenir.

 


 

La coopération internationale est aussi géopolitique. Alors que les pays occidentaux détenaient le monopole de l’aide internationale dans les années 1990, depuis le début des années 2000, de nombreux autres acteurs ont fait leur apparition sur la scène internationale : la Chine, bien entendu, mais aussi la Turquie, les États du Golfe, la Russie et l’Arabie saoudite. Maintenir notre présence en Afrique, c’est aussi entretenir un lien, un rapport privilégié, et éviter une diminution de notre influence globale. Des coupes claires dans les budgets de la coopération internationale rendraient notre influence insignifiante.

La coopération internationale n’est pas de la charité : elle s’assortit d’un retour direct sur investissement, en termes d’emplois, mais aussi de contrats pour les entreprises belges. Ces dernières vendent chaque année pour des centaines de millions d’euros de biens et de services à la Banque mondiale. La coopération internationale est aussi un réservoir d’innovations. En effet, les défis auxquels sont confrontés les pays en crise sont propices à l’innovation. Les idées nouvelles de demain émaneront certainement du continent africain.

 


 

La coopération internationale est également un investissement dans les personnes, les services sociaux, les soins de santé, l’éducation… La coopération internationale n’éliminera certes pas à elle seule la pauvreté et les inégalités, mais elle y contribue de manière significative. Depuis les années 1990, le nombre d’enfants non scolarisés a diminué de moitié, tout comme la mortalité infantile. En Afrique, l’espérance de vie a progressé en moyenne de 10 ans entre 2000 et 2019. La variole, la polio et l’onchocercose ont été presque totalement éradiquées. De 2000 à 2017, le nombre de nouvelles infections au VIH/sida a chuté de 43 %. Grâce à la coopération internationale, des systèmes d’assurance maladie ont été mis en place dans de nombreux pays, ceux-ci s’étant avérés essentiels dans la lutte contre le COVID-19. La Belgique a noué de solides partenariats avec de nombreuses institutions et administrations africaines, qui risqueraient de tomber aux oubliettes si la coopération venait à être démantelée.

Une des propositions d’économies actuellement sur la table des négociations pour former le prochain gouvernement belge porte sur le budget de la coopération au développement. Alors que la norme de l’OCDE est de consacrer 0,7 % de notre PIB à la solidarité internationale, la Belgique n’en consacre actuellement que 0,45 %. Réduire encore ce chiffre reviendrait à rendre notre rôle marginal et à décrédibiliser complètement notre pays sur la scène internationale. Mais au-delà des chiffres, un désinvestissement dans la coopération internationale est une absurdité dans le monde globalisé dans lequel nous vivons et où tout est lié. Le renforcement de la coopération internationale est également le message clé du « Pacte pour l’avenir » adopté par les 193 États membres de l’ONU lors de l’Assemblée générale qui s’est tenue à New York le 22 septembre 2024.

L’expertise belge déployée pour relever les défis mondiaux est particulièrement appréciée, et ce, tant en Afrique qu’en Europe et sur la scène internationale. Une coupe dans les budgets de la coopération internationale serait une absurdité, ce qui se solderait par un déclin certain du rôle international de la Belgique, de la crédibilité de notre pays et des retours collectifs pour notre pays et nos pays partenaires.

 

 

Membres du Conseil d’administration d’Enabel : Delphine Moralis (Présidente), Alain Coheur, Brigitte Boone, Guido Gryseels, Caroline Amrom, Karla Basselier, Bart Staes, Farah Dehon, Patrick Develtere.

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