Une nouvelle passerelle vers les compétences

L’écart entre les compétences des jeunes et les emplois disponibles sur le marché constitue aujourd’hui un défi majeur pour les investissements en Afrique subsaharienne. L’expérience d’Enabel avec le secteur privé en Afrique montre que les entreprises sont en permanence confrontées à ce défi et que leurs capacités et ressources d’investissement dans la recherche et la formation d’une nouvelle main-d’œuvre sont limitées. De plus, si de nombreuses entreprises européennes sont désireuses d’investir en Afrique, elles peuvent avoir du mal à trouver du personnel possédant les compétences requises. Partant, cette situation limite les opportunités pour les entreprises et les communautés locales, en particulier pour les jeunes, qui n’ont bien souvent pas accès à des emplois qui sortent de leur domaine de compétences, ce qui en fin de compte alimente le chômage.

Afin d’y remédier, la Team Europe a lancé en juin 2024 l’initiative TEI OP-VET (Opportunity-Driven Skills and Vocational Education and Training), un projet quinquennal qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie Global Gateway de l’Union européenne. Cette initiative vise à aligner le développement des compétences et l’enseignement et la formation professionnels (EFP) sur les opportunités d’emploi réelles créées par les investissements. Cofinancé par l’UE (75 millions d’euros) et l’Allemagne (BMZ) (1 million d’euros), le projet est mis en œuvre par Enabel en partenariat avec la GIZ, Expertise France et EDUFI.
 

Les emplois décents, point de départ d’une approche axée sur les opportunités

Ce qui rend ce projet unique, c’est son approche axée sur les opportunités de l’enseignement et de la formation professionnels. Plutôt que de proposer des programmes de formation génériques, le projet identifie d’abord les opportunités d’emploi réelles, puis adapte les programmes de formation en fonction des besoins spécifiques du marché du travail. Ce modèle axé sur les opportunités s’assure que les formations données aux jeunes en Afrique s’alignent sur les emplois qui existent réellement, plutôt que de les doter de compétences qui ne sont pas forcément pertinentes dans leurs économies locales.

Pour ce faire, le projet s’articule autour de trois axes majeurs :

1. Mécanisme d’assistance technique – Analyser les opportunités d’emploi et identifier les profils de compétences requis dans les secteurs cibles et les chaînes de valeur à travers l’Afrique subsaharienne.
2. Partenariats public-privé – Encourager la collaboration entre les entreprises et les prestataires d’EFP pour garantir l’alignement des programmes de formation sur les besoins du marché du travail.
3. Financement compétitif – Soutenir les projets d’EFP axés sur les opportunités dans les chaînes de valeur stratégiques, en encourageant les partenariats entre les acteurs du secteur privé et les prestataires d’EFP.

Concrètement, si une entreprise européenne prévoit d’investir dans l’industrie pharmaceutique, au Ghana par exemple, le projet peut contribuer à mettre à disposition les profils professionnels adéquats en suivant les étapes suivantes :

Qu’est-ce que cela signifie pour l’Afrique et l’Europe ?

Plus de 40 pays d’Afrique subsaharienne tireront parti de cette initiative. Conformément au programme d’investissement « Global Gateway Afrique-Europe » annoncé lors du Sommet Union européenne-Union africaine 2022, elle se focalisera sur des secteurs essentiels pour l’avenir de la région, tels que les technologies vertes, l’agriculture durable et les soins de santé. La stratégie Global Gateway vise à renforcer les liens entre l’Europe et l’Afrique, à promouvoir la croissance durable et à soutenir les transitions verte et numérique devenues de plus en plus cruciales.

Aussi, l’initiative TEI OP-VET a pour ambition de capitaliser les opportunités et de renforcer leur impact. Elle donnera aux jeunes d’Afrique, en particulier ceux et celles qui vivent dans des régions où le taux de chômage est élevé, de réelles chances d’améliorer leurs conditions de vie. Des milliers de jeunes décrocheront ainsi un emploi décent ; quant aux entreprises européennes et africaines, elles disposeront de la main-d’œuvre qualifiée dont elles ont besoin pour booster leur productivité et leur croissance. Le secteur de l’EFP, qui souffre d’un manque criant de financement, bénéficiera de programmes plus pertinents, mieux adaptés au marché de l’emploi, et qui garantiront que les diplômés et diplômées possèdent les compétences requises.
 

Partenariats public-privé

Un élément central de l’initiative TEI OP-VET est son modèle de partenariat public-privé. Il implique que les entreprises travaillent directement avec les prestataires d’EFP à la conception de formations répondant aux besoins de l’industrie. Cette collaboration s’avère profitable tant pour les entreprises, qui disposent ainsi de main-d’œuvre qualifiée, que pour les jeunes, qui acquièrent des compétences pratiques leur assurant un emploi. Les services de conseil et les opportunités de financement mis en place dans le cadre du projet encouragent les entreprises et les institutions d’Europe et d’Afrique à concevoir ensemble des programmes innovants de développement des compétences qui débouchent sur de véritables emplois.
 

Enabel montre la voie

Enabel est fière d’assurer le lead de ce projet innovant dans le cadre de la stratégie Global Gateway de l’UE et de renforcer le rôle de la Belgique dans la coopération internationale. Bart Horemans, chef d’équipe chez Enabel, le décrit comme suit :

« L’objectif de ce programme est de parvenir à un résultat triplement gagnant : pour le secteur privé, pour la jeunesse africaine et pour le secteur de l’éducation. Enabel dirige ce programme innovant en veillant à ce que tout se passe bien et que tout le monde travaille de concert en tant que véritable Team Europe. Nous croyons fermement à la valeur ajoutée de la coopération entre les pays et les acteurs (du développement), car nous pouvons tirer parti de l’expérience et de l’expertise de chacun, et la capitaliser. Ce programme crée des opportunités uniques d’apprentissage par les pairs entre acteurs européens, ce qui se fait encore bien trop rarement aujourd’hui. »