Le développement des ressources humaines contribue à améliorer la qualité de services
Aider les gens à être meilleurs dans leur travail
Une forte pression, de bas salaires et un manque d’opportunités d’apprentissage continu se soldent par une perte de motivation du personnel. L’absence globale de supervision et d’appui adéquats représente une pierre d’achoppement sur le chemin de soins de santé universels de qualité en Ouganda.
Bénéficier de soins de santé et d’un enseignement de qualité ne coule pas de source en Ouganda. Même si le gouvernement ougandais, la société civile et les donateurs ont déjà consenti des efforts en vue d’améliorer la prestation de services, il reste encore beaucoup de pain sur la planche. Aussi, l’Agence belge de développement, en collaboration avec le gouvernement ougandais, a mis sur pied un projet visant à contribuer à l’amélioration de la prestation de services, et ce, en aidant les médecins, infirmiers, enseignants, directeurs d’établissements scolaires et managers à être meilleurs dans leur travail.
Gestion des RH et atteinte des objectifs de développement durable
En général, l’importance de la gestion des ressources humaines (GRH) dans la réussite ou l’échec des systèmes de santé et d’éducation a été sous-estimée.
Cela étant, il est de plus en plus largement admis qu’un recentrage sur une politique et une gestion des ressources humaines doit être au cœur de toute solution durable d’amélioration des performances de ces systèmes. Cette reconnaissance découle aussi en partie de la nécessité de renforcer les capacités présentes dans les systèmes de santé et d’éducation dans l’optique d’atteindre les Objectifs de développement durable.
Des stratégies efficaces de gestion des ressources humaines (GRH) peuvent garantir une main-d’œuvre motivée et correctement qualifiée et déployée. Elles s’avèrent réellement nécessaires pour accroître l’efficacité des services de santé et d’éducation à travers le monde, tout en permettant d’améliorer l’accès à ces services. Une gestion GRH efficace doit être au cœur de toute solution durable soucieuse de garantir le droit à une éducation et à une santé de qualité.
Bon nombre des problématiques générales en rapport avec les ressources humaines sont bien connues des secteurs de la santé et de l’éducation, à savoir : la taille, la composition et la répartition de la main-d’œuvre en santé et éducation, son niveau de formation, la migration des agents de santé, le niveau de développement économique, ainsi que des facteurs sociodémographiques, géographiques et culturels.
L’Ouganda est lui aussi confronté à ce genre de problématiques. Les agents de santé y subissent de très fortes pressions. Pour certains postes, les chiffres sont effarants. Ainsi, dans les établissements de santé publique, seuls 27 % des postes d’anesthésistes sont pourvus, tandis que ce pourcentage stagne à 40 % pour les pharmaciens.
Une forte pression, de bas salaires et un manque d’opportunités d’apprentissage continu se soldent par une perte de motivation du personnel. L’absence globale de supervision et d’appui adéquats représente une pierre d’achoppement sur le chemin de soins de santé universels de qualité. Bien que le contexte soit spécifiquement lié au secteur, des défis similaires en termes de RH sont à relever dans le secteur de l’éducation.
Investir dans le développement de la main-d’œuvre
Si l’Ouganda entend atteindre les Objectifs de développement durable relatifs à la santé et à l’éducation, toutes les parties impliquées doivent redoubler d’efforts. Notre projet SDHR (Support to the Development of Human Resources) constitue une stratégie complémentaire qui appuie les projets de l’Agence belge de développement dans les secteurs de la santé et de l’éducation et contribue à faire évoluer ceux-ci dans la bonne direction.
Cette nouvelle stratégie, mise en œuvre à travers le projet SDHR, met l’accent sur le développement de la main-d’œuvre. Elle entend améliorer les connaissances, aptitudes et attitudes du personnel de 48 organisations bénéficiaires actives dans les secteurs de la santé et de l’éducation, afin qu’il devienne meilleur dans son travail.
Elle envisage la composition de la main-d’œuvre en santé et éducation en termes de, à la fois, catégories de compétences et niveaux de formation, tout en offrant de nouvelles options en matière d’éducation et de formation en cours d’emploi au personnel, afin qu’il soit en mesure de répondre aux besoins actuels et futurs de l’Ouganda.
Comment développer les ressources humaines ?
« Ce que j’apprécie vraiment dans ce projet, c’est qu’il nous implique à chaque étape ; la participation fonctionne réellement bien », affirme Yusuf Yahaya, instructeur à l’institut de formation professionnelle Kichwambe. Localisée dans l’ouest de l’Ouganda, à proximité de la frontière congolaise, cette école compte 436 étudiants qui aspirent à devenir ingénieurs, architectes ou spécialistes des TIC.
« Nous avons adopté une approche de type bottom-up », explique Elisabeth Nkwasire, responsable de formation du projet. « Nous consultons nos partenaires des secteurs de la santé et de l’éducation à chaque étape du processus. Nous comprenons dès lors parfaitement les lacunes et problèmes auxquels sont confrontées différentes organisations. »
“En réalisant notre propre évaluation des besoins, nous avons constaté que beaucoup de nos instructeurs n’avaient jamais mis les pieds dans une véritable usine. C’est notre priorité de résoudre ce problème.” Yusuf Yahaya, instructeur à l’institut de formation professionnelle Kichwambe.
Et Yusuf de décrire le processus de travail : « Nous avons au préalable bénéficié d’une formation sur la manière d’évaluer nous-mêmes nos besoins. C’était là quelque chose de totalement nouveau pour moi. Nous avons identifié nos besoins et les avons réduits à un nombre limité de problèmes concrets. En dernier lieu, nous devions déterminer les causes profondes de ces problèmes et proposer une solution. »
« De nombreux employeurs nous avaient dit que nos étudiants manquaient des compétences requises par le monde du travail. Nous nous sommes alors interrogés : Comment cela est-il possible ? C’est ainsi que nous nous sommes rendu compte que bon nombre de nos chargés de cours n’avaient jamais mis les pieds dans une vraie entreprise. Comment pourraient-ils dès lors transmettre les compétences appropriées à leurs étudiants ? »
Au terme de l’évaluation des besoins, tous les bénéficiaires ont reçu de l’aide pour élaborer un plan de développement des ressources humaines et de formation basé sur des objectifs de performance qu’ils s’étaient eux-mêmes fixés. « En deuxième lieu, nous avons mené une réflexion sur les formations pouvant apporter une solution à cette problématique. Nous avons décidé que notre priorité majeure devrait être de doter nos chargés de cours des compétences techniques appropriées. Sur les installations solaires, par exemple. Il s’agit là d’un nouveau domaine qui, selon nos prévisions, générera beaucoup d’emplois à l’avenir. Au bout du compte, nos étudiants auront les compétences nécessaires pour accéder au marché du travail », conclut Yusuf.
Le College a ensuite partagé ses plans avec l’équipe du projet SDHR, qui a approuvé la proposition et recherché des organismes de formations de qualité. « Nous avons conclu un accord pour tout avec l’Agence belge de développement », poursuit Yusuf. « Nous abordons les choses en détail et demandons des conseils. »
Apprendre en tant qu’organisation
« Nous entendons aider le personnel à transmettre les compétences acquises à l’ensemble du milieu professionnel par le biais d’un plan d’action. Aussi, nous les encourageons à partager leurs enseignements avec leurs collègues, et ce, au moyen de brèves formations sur place », nous confie Elizabeth.
« Il est important à nos yeux de dépasser la simple prestation de formations et organisation d’évènements. Ce que nous souhaitons, c’est un transfert des connaissances de membres sélectionnés du personnel aux Colleges et infrastructures de santé appuyés. Nous sommes convaincus que, lorsque les équipes s’approprient leurs développement et activités, le succès est au rendez-vous. »
Le projet donne l’opportunité au personnel travaillant dans les secteurs de la santé et de l’éducation de bénéficier d’un apprentissage permanent. Cette possibilité est grandement appréciée par les agents de santé, les enseignants et les managers, qui se retrouvent souvent dans une situation difficile. Il faut en effet faire preuve de dévouement pour travailler comme enseignant ou agent de santé en Ouganda. La charge de travail est élevée, les salaires bien souvent bas et pas toujours payés à temps, et les possibilités d’évolution trop peu nombreuses.
Pistes innovantes d’apprentissage
« De nombreuses personnes n’ont jamais suivi de formations après avoir décroché leur diplôme. Dans un monde en perpétuelle évolution, cela signifie que le personnel n’est bien souvent pas au courant des récentes évolutions dans son domaine d’expertise. Nous nous efforçons de remédier à cela de différentes manières », explique Elizabeth.
Le projet SDHR donne au personnel des 48 organisations choisies la possibilité de suivre différents types de formations. La plupart du temps, celles-ci visent un apprentissage en milieu de travail sous la forme de voyages d’études ou de stages.
“Beaucoup de patients souffrent de blessures résultant d’accidents de la route. Avant nous attendions l’arrivée de l’orthopédiste, mais après avoir suivi le stage, nous avons appris comment nous pouvons déjà commencer à traiter les gens.” Fatima Nantume, infirmière en chef, section urgences, Bundibugyo Hospital.
Fatima Nantume, une infirmière en chef qui travaille aux urgences à l’hôpital de Bundibugyo, nous parle du stage qu’elle et son équipe ont suivi. « Nous nous sommes rendus à l’hôpital de Mbale dans l’ouest de l’Ouganda, où nous avons travaillé pendant 14 jours avec le personnel des urgences. Nous y avons été très bien accueillis. »
« La plupart des patients admis aux urgences le sont suite à un accident de la circulation. Avant, nous devions attendre l’arrivée de l’orthopédiste pour pouvoir nous occuper du patient. Mais, grâce au stage, nous avons appris comment immobiliser et plâtrer des fractures. Ce faisant, nous faisons gagner un temps précieux aux patients, » poursuit Fatima.
Dans certains cas, une formation de longue haleine hors de l’environnement de travail s’avère nécessaire. Ainsi, Ian, un orthopédiste de l’hôpital de référence de Fort Portal, suit actuellement une formation certifiante en soins palliatifs de trois ans à Kampala. « En soins palliatifs, nous apprenons comment prendre soin des personnes en phase terminale. Bien que nous ayons de nombreux cas de cancer et de VIH à l’hôpital, personne n’avait de diplôme dans ce domaine particulier. Ayant à cœur de prodiguer les meilleurs soins possible à nos patients, nous avons dès lors décidé que l’un d’entre nous devait bénéficier d’une formation appropriée pour pouvoir gérer ces cas. Avec l’appui du projet SDHR, je suis convaincu que j’y arriverai. »
Le project en un coup d’oeil
Le projet SDHR concerne quelque 3.500 employés à travers l’Ouganda ;
21 organisations dans le secteur de la santé ;
21 organisations dans le secteur de l’éducation ;
6 organisations dans le secteur de l’environnement ;
Chaque institution a élaboré son propre plan de développement des ressources humaines ;
1.055 membres du personnel ont aidé à développer ces plans ;