Comment financer notre futur ?
A l’heure où les crises climatiques se succèdent en cascade, la nécessité de limiter le réchauffement climatique à +1,5 degrés n’a jamais été aussi prégnante. Les conclusions de la COP28 font écho à ce besoin, en affirmant la nécessité de sortir des énergies fossiles et de promouvoir une transition énergétique durable.
La transition vers des sources d’énergie renouvelables n’est pas seulement un prérequis pour atténuer les effets du changement climatique : elle permettrait également de faire face à d’autres défis mondiaux qui lui sont liés, comme la pauvreté et les inégalités sociales. Une transition climatique juste est désormais une condition sine qua non pour assurer que notre planète reste habitable. Cependant, plus que de la bonne volonté politique, elle exige la mise en place d’un cadre financier solide et de mécanismes innovants de financement à une échelle sans précédent.
Échange de dettes : le nouveau souffle du climat
Parmi les nouveaux outils existants, la conversion de dettes en actions de lutte contre le changement climatique – également appelée « échange dette-climat » – est une des approches choisies par la Belgique pour soutenir le Mozambique : Enabel a facilité les négociations entre les deux pays, aboutissant à une annulation d’une partie de la dette souveraine du Mozambique envers l’État belge. Cet échange, qui s’élève à environ 2.4 millions d’euros, permettra au Mozambique d’investir dans des projets qui permettront aux populations de mieux se prémunir des effets adverses du changement climatique, et de limiter les dommages futurs.
Enabel travaille par exemple avec les autorités mozambicaines pour mettre en place des systèmes d’alerte précoce pour les cyclones, dans les districts qui en sont dépourvus. Peu onéreux et faciles à mettre en place, ces systèmes peuvent réduire considérablement l’impact d’une catastrophe en prévenant les populations d’un danger imminent. En complément, la planification spatiale intégrée constitue un autre axe d’action : celle-ci permet notamment de comprendre les risques et le potentiel liés à certaines zones sujettes aux catastrophes naturelles, de les cartographier, et d’optimiser l’emplacement de certaines infrastructures.
En somme, l’échange dette-climat est une solution innovante qui permet de faire d’une pierre deux coups : d’un côté, elle réduit la dette, et de l’autre, elle mobilise des ressources supplémentaires pour lutter contre la crise climatique.
Le secteur privé au cœur de la transition climatique
Mais si les financements publics sont essentiels pour renforcer la résilience climatique, l’ampleur colossale des investissements requis dépasse la seule capacité des budgets étatiques : l’aide publique au développement représente 0,49% du revenu national brut (RNB) agrégé des Etats membres de l’Union européenne, alors que l’investissement global requis pour la mitigation climatique est estimé à 15% du RNB. L’implication du secteur privé est donc impérative pour disposer de ressources financières à la hauteur du défi climatique.
En Palestine, Enabel travaille en étroite collaboration avec le secteur privé pour promouvoir une économie verte et circulaire. A travers l’initiative « Green Palestine » en Cisjordanie, nos équipes travaillent de concert avec l’Union de la pierre et du marbre, et l’Union des industries alimentaires et agricoles palestiniennes. Dans ces secteurs, l’ambition est d’améliorer la gestion des déchets et leur recyclage, de renforcer l’efficacité énergétique et de promouvoir les énergies renouvelables, et d’améliorer les capacités et la sensibilisation au sein de ces structures.
Avec pour objectif, la création d’un nouvel écosystème d’entreprises proposant des solutions durables dans l’économie verte et circulaire, générant des emplois locaux – notamment pour les femmes – et encourageant d’autres investissements durables.
Au Rwanda, nous collaborons avec le gouvernement et des entreprises rwandaises afin de promouvoir une architecture durable, en utilisant des matériaux de construction locaux. Cette approche permet non seulement de réduire les coûts d’import de matériaux urbains – le plus souvent le béton – dont la production est par ailleurs très énergivore ; mais elle encourage aussi l’utilisation de matériaux durables Made in Rwanda tels que la pierre, le bambou ou la brique perforée, contribuant ainsi à l’économie en permettant aux producteur·rices locaux·ales de se développer.
La finance climatique va bien au-delà de simples investissements destinés à atténuer les effets du changement climatique : elle exige une refonte totale et sans équivoque du système financier actuel. Des décisions concernant les systèmes énergétiques aux matériaux de construction utilisés à grande échelle, en passant par les transports et les émissions issues du secteur agricole, tous les flux financiers doivent progressivement converger vers l’objectif des 1,5 degrés. En soutenant les initiatives vertes du secteur privé, nous contribuons à réduire leur risque financier, à encourager d’autres investissements privés et à favoriser l’émergence d’une économie verte et durable. A suivre.