Enabel favorise l’entrepreneuriat féminin en Afrique et au Moyen-Orient

palestinian woman sewing fabric

La promotion de l’entrepreneuriat féminin représente pour la Coopération belge au développement un levier important pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD). À l’initiative de la Ministre de la Coopération au développement et de la Politique des grandes villes, l’Agence belge de développement Enabel a lancé le prix Awa. À travers ce prix, notre pays entend récompenser les initiatives prometteuses d’entrepreneures en Afrique et au Moyen-Orient et promouvoir le leadership féminin.

 

Parmi plus de 2.400 candidatures en provenance de 16 pays [1], la Coopération belge au développement a sélectionné 12 lauréates dans quatre catégories, à savoir : start-up, scale-up, innovation, et un prix du public. Les quatre lauréates sont originaires du Maroc, du Mali, du Rwanda et du Burundi. Elles recevront leur prix lors d’une cérémonie officielle, qui se tiendra le jeudi 26 janvier en présence de Sa Majesté la Reine Mathilde et de la Ministre de la Coopération au développement et de la Politique des grandes villes Caroline Gennez.

 

Des entrepreneures modèles


Aminata Simpara, la lauréate malienne dans la catégorie Start-up, est la fondatrice et la directrice de N’terini, une petite entreprise établie dans la capitale Bamako, qui produit depuis 2021 des serviettes hygiéniques lavables et réutilisables.

Si elle a à son actif un diplôme de journalisme et de communication, Aminata a créé son entreprise pour briser le tabou de la précarité menstruelle et proposer des solutions concrètes. De nombreuses jeunes Maliennes n’ont en effet souvent pas les moyens de s’acheter des serviettes hygiéniques et en conséquence, ne vont pas à l’école pendant leurs règles. En moins de deux ans, la petite entreprise d’Aminata a déjà attiré quelques 5.000 clientes et a créé six emplois.

La Rwandaise Credia Umuhire Ruzigana remporte le prix Awa dans la catégorie Scale-up. Credia (25 ans) est la fondatrice et la directrice d’Imanzi Creations, une entreprise qui publie depuis 2019 des romans, des bandes dessinées et des jeux de société faisant revivre de vieilles histoires et des contes de fées issus de la riche histoire culturelle du Rwanda.

Il n’existe pas vraiment de culture de la lecture dans le pays, qui ne dénombre que peu de bibliothèques et de maisons d’édition. L’entreprise de Credia vise à inverser cette tendance tout en soutenant l’alphabétisation dans le pays.

Rim Machhour (26 ans), la cofondatrice et la directrice de Dealkhir.ma au Maroc, remporte le prix Awa dans la catégorie Innovation. Titulaire d’un master en innovation sociale, Rim Machhour a cofondé en 2021 Dealkhir.ma, une plateforme d’e-commerce solidaire.

Les personnes qui effectuent des achats en ligne y ont la possibilité de faire un don gratuit au profit de projets de solidarité communautaire. La plateforme Dealkhir peut proposer de telles offres grâce aux partenariats négociés avec des entreprises. En deux ans, Rim Machhour a ainsi déjà réussi à effectuer 60 achats pour huit projets sociaux.

La Burundaise Kathia Iradukunda (26 ans), fondatrice et directrice de la Hyacinth Art House, remporte elle le prix du public. Engagée depuis son plus jeune âge dans la protection environnementale, Kathia  a créé en 2021 une entreprise pour lutter contre la jacinthe d’eau invasive qui menace le lac Tanganyika.

La Hyacinth Art House récolte les jacinthes d’eau du lac et les transforme en divers objets d’art (paniers, tapis, sets de table…). L’entreprise contribue ainsi à la réhabilitation du lac Tanganyika, ainsi qu’à la promotion de l’artisanat et à l’autonomisation des femmes au Burundi. En moins de deux ans, la Hyacinth Art House a déjà retiré cinq tonnes de jacinthes d’eau du lac, et formé 100 femmes aux techniques de tissage.

L’émancipation transcende l’inégalité


Au niveau mondial, une entreprise sur trois est détenue par une femme. En Afrique subsaharienne, la plupart des travailleurs indépendants sont des femmes. Dans les sociétés où les perspectives de travail salarié sont limitées ou inexistantes, l’entrepreneuriat est souvent le principal moyen de subsistance des hommes et des femmes. Pour les femmes, il s’agit d’un levier d’autonomisation financière dont les effets positifs se font également sentir au niveau de la famille, puisque l’accès à l’entrepreneuriat leur permet de générer des revenus supplémentaires pour leur ménage et renforce leur position au sein de la famille. De plus, les femmes réinvestissent près de 90 % des revenus générés à travers leurs entreprises au profit du cercle familial, de la communauté locale et donc, par extension, de la société tout entière.

Mais, sur la voie de l’entrepreneuriat, les femmes rencontrent plus souvent que les hommes des obstacles, qui ne sont pas toujours faciles à surmonter. Parfois, ceux-ci résultent d’une inégalité juridi ue : dans certains pays, les femmes ne sont ainsi pas autorisées à gérer un compte bancaire ou à créer une entreprise sans le consentement de leur mari. En Afrique subsaharienne, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, moins de 40 % des femmes possèdent un compte bancaire. Dans certains milieux, l’entrepreneuriat est en outre considéré comme une activité inacceptable pour une femme. Aussi, les normes sociales peuvent susciter un manque de confiance en soi et décourager les femmes de créer une entreprise.

En élevant des entrepreneures prometteuses au rang de modèles, le prix Awa vise à démystifier l’entrepreneuriat féminin. Il entend démontrer aux hommes et aux femmes qu’entrepreneuriat peut rimer avec réussite sociale, développement personnel et impact positif sur les communautés tout en préservant l’équilibre familial.

La première édition du prix Awa s’est déroulée d’octobre à décembre 2022. Plus de 2.400 candidatures en provenance de 16 pays ont été évaluées sur la base de divers critères (notamment la qualité, la pertinence, la motivation, l’inclusion, la faisabilité, le respect du climat…). Au total, 80 entrepreneures ont été sélectionnées, dont 12 ont été retenues comme finalistes à l’issue d’entretiens avec un jury dans lequel étaient représentés la Coopération belge au développement, la Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO) et des entrepreneurs belges. Le prix du public a été attribué par le biais d’un vote en ligne.

Les lauréates du prix Awa recevront un coaching professionnel d’une semaine en Belgique, avec des possibilités de networking et de développement des capacités personnelles. Dans leur pays d’origine, un accompagnement professionnel leur sera également fourni pendant un an afin de les aider à développer davantage leur entreprise.

[1] Tanzanie, Maroc, Rwanda, Ouganda, Bénin, Jordanie, Sénégal, Guinée, Palestine, RD Congo, Burkina Faso, Burundi, Mali, Mauritanie, Mozambique et Niger.

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