Actualités

10 janvier 2022

Les soins de santé, à la rencontre des populations

Équipes mobiles de soins au Niger

Health worker checking medical supplies in an ambulance while female patient with infant awaits.

Au Niger, de nombreuses personnes vivent dans des zones reculées et par conséquent dangereuses. La route vers le centre de santé le plus proche étant souvent très longue, elles ne s’y rendent pas facilement. Pour y remédier, Enabel a élaboré une solution avec ses partenaires nigériens.

Curieux·euses de la connaître ? Suivez les traces de l’équipe de soins mobiles et découvrez leur histoire dans ce récit.

Imaginez- vous ! Vous vivez dans une région très isolée de votre pays. La couche d’asphalte de la route a depuis longtemps disparu sous le soleil brûlant, et pendant la saison des pluies, la terre compactée se transforme en un véritable bourbier. Vous travaillez votre terre, vous envoyez vos enfants à pied à l’école la plus proche, vous n’avez pas de voiture pour vous déplacer.

Chaque semaine, vous vous rendez à pied au village le plus proche pour faire des courses et vendre vos récoltes, mais cela vous prend beaucoup de temps. Pour obtenir vos soins médicaux de base, vous pouvez vous rendre dans un poste de santé, mais il vous est souvent arrivé de vous retrouver devant porte close, le poste n’ayant pas été approvisionné en fournitures médicales. En cas de souci médical plus urgent, vous devez vous rendre en ville. Mais il est impossible de vous y rendre à pied car elle se situe à des heures de route du village.

C’est là l’un des défis à relever du Niger, ce pays subsaharien, qui fait 40 fois la taille de la Belgique et est l’un des pays les plus pauvres au monde. Malgré les efforts du gouvernement nigérien, l’accès à des soins de santé de qualité reste un challenge majeur.

 

Healtworker in a village in Niger measuring weight of a child.

Longue distance et insécurité


 

Certaines populations n’ont même aucun accès à des soins, parce qu’elles vivent dans des zones très éloignées et peu sûres, ce qui rend très difficile l’accès à un centre de santé. Les routes sont en mauvais état ou trop dangereuses. Se déplacer à pied n’est pas une option, et le trajet en bus revient souvent cher.

“La route entre le centre de santé de Bengou et le village de Koukoki est dangereuse et le trajet coûte trop cher pour les populations. Sur le chemin, vous pouvez vous faire attaquer et vous faire voler votre argent, ou votre moto ou encore être blessé·e”, nous raconte Dan Joumeye Moutari, collaborateur de projet d’Enabel.

Pour résoudre ce problème, Enabel travaille avec le ministère de la Santé dans deux régions du pays. Depuis 2019, des équipes de soins mobiles se rendent directement à la rencontre des populations pour les soigner sur place.

Le gouvernement nigérien souhaite à terme que chaque habitant ou habitante se trouve dans un rayon de cinq kilomètres maximum autour d’un centre de santé local offrant le paquet minimum de soins. Ce paquet minimum se compose de consultations médicales pour les malades, de consultations prénatales, de vaccinations pour les enfants et d’une assistance lors d’accouchements.

Pour des soins médicaux plus complexes, les personnes sont dirigées vers l’hôpital. Mais, comme elles vivent souvent à plus de 5 kilomètres, il leur est difficile de rejoindre un tel centre.

Elles peuvent alors se rendre dans un poste de santé plus petit dans leur propre village. Ces derniers offrent des services médicaux plus limités, suffisants pour des soins médicaux mineurs, mais comme ils manquent souvent de personnel ou de matériel médical, la population est tout de même obligée de se tourner vers des centres de santé plus éloignés.

Doctor standing outside of a medical centre in Niger while a family arrives on a motortaxi

Équipes mobiles de soins


 

Les équipes mobiles, actives dans la région depuis 2019, remédient à cette situation : elles se rendent régulièrement dans les postes de santé accompagnées de matériel, de médicaments et de personnel médical.

En outre, des services supplémentaires sont proposés chaque mois, afin de permettre aux habitants et habitantes des villages environnants de bénéficier d’autres prestations médicales et de désengorger les plus grandes structures médicales.

“Nous organisons des sorties médicales chaque mois », nous explique le Dr. Issaka Salifou. « Je me rends avec deux infirmier·es dans différents villages d’une région spécifique. Nous y proposons des consultations médicales : pour les femmes enceintes et les enfants qui doivent se faire vacciner, mais tout le monde peut nous consulter pour d’autres soucis de santé aussi.”

Des travailleurs de la santé au Niger visitent un village et animent une séance sur les pratiques sanitaires devant une assemblée villageoise.

“Grâce aux équipes de soins mobiles, nous n’avons plus à parcourir 10 km », témoigne Adama Mounkaila, une patiente qui utilise ce service. « C’est un grand soulagement, notamment pour les femmes enceintes qui, souvent, ne parvenaient pas à se rendre à leurs consultations prénatales au centre de santé, faute d’avoir de quoi payer le transport.”

Une équipe mobile est composée de médecins ou d’infirmier·es et de sages femmes qui sont en charge des consultations avec les patientes. Elle compte aussi toujours un·e communicateur·rice qui informe les habitants et habitantes de la région de l’arrivée de l’équipe médicale.

Prévention et sensibilisation


Ces sorties s’accompagnent aussi d’une sensibilisation à l’alimentation des enfants, à l’importance de la vaccination, à la planification familiale et aux accouchements assistés. Il est donc important que les personnes ayant des besoins médicaux ne soient pas les seules à se présenter au rendez-vous, mais que le plus grand nombre possible de personnes soient présentes pour recevoir des informations médicales.

“Chaque mois, le·la chef·fe du centre de santé m’appelle pour m’informer de l’arrivée de l’équipe médicale. Je passe à mon tour le message aux chef·fes des villages concernés. Pour transmettre l’information à la population, ces dernier·es utilisent le mégaphone de la mosquée et vont à pied prévenir les autres. Ensuite, tout le monde se rassemble ici lors de la venue des agent·es de santé », nous raconte Mamata Idé, responsable du poste de santé d’Alfaguey Belandé.

Depuis la création du poste de santé en 2007, Mamata Idé y travaille seule pour une population de plus de 2.000 personnes. Cela représente une charge de travail importante, surtout pendant la saison des pluies où le paludisme fait rage.

“Je suis la seule agente de santé travaillant à ce poste, mais je suis assistée par deux sages femmes. Sans les visites mensuelles des équipes mobiles, je n’aurais pas pu tenir le coup. Elles renforcent notre équipe et nous apportent du matériel tel que du gaz pour le petit réfrigérateur où sont conservés, entre autres, les vaccins contre la rougeole. Si elles ne viennent pas, les gens doivent marcher jusqu’au centre de santé de Tanda, ce qui représente 24 kilomètres aller-retour. Oumarou Garba, le maire d’un village de l’île de Lété, située au milieu du fleuve Niger, est également impatient de voir arriver les équipes de santé.

“Auparavant, nous devions nous rendre à Gaya pour obtenir une aide médicale, soit à une distance de 40 km sur le continent », nous dit-il. “Nous utilisions une charrette tirée par un âne. Aujourd’hui, les équipes médicales viennent directement sur l’île. Elles soignent les malades et assistent les femmes enceintes ; depuis, l’état de santé général de mes concitoyens et concitoyennes s’est nettement amélioré.”

 

Healtworkers on their way to remote areas in Niger.
Les équipes mobiles se déplaçaient en voiture, en charrette tirée par des buffles ou des ânes, voire à dos de chameau ou en bateau.

 

Les soins de santé au Niger


 

  • 34% des femmes reçoivent l’entièreté des visites prénatales conseillées lors d’une grossesse (minimum 4)
  • 39 % des accouchements sont assistés par du personnel médical.
  • La mortalité maternelle s’élève à 462 décès pour 10 000 naissances (Pour comparaison, en Belgique : 8 décès pour 10 000 naissances).
  • La mortalité des enfants de moins de 5 ans s’élève à 84,5 décès pour 1000 naissances (Pour comparaison, en Belgique : 3,8 décès pour 1000 naissances).
  • 54 % de la population du Niger a accès aux soins de santé.
Health worker doing house visit in Niger checking up on pregnant woman.
Un agente de santé effectuant une visite à domicile au Niger examine une femme enceinte.

 

Le projet en chiffres


 

  • Entre janvier 2019 et décembre 2021, 32 sorties mobiles ont été organisées.
  • 8.979 femmes ont bénéficié de consultations prénatales (4 visites durant leur grossesse).
  • 17.231 enfants de moins d’un an ont bénéficié d’une consultation pour nourrissons.
  • 14.435 enfants âgés de 9 mois ont été vaccinés contre la rougeole.
  • 9.473 accouchements se sont déroulés avec une assistance médicale

Autres actualités et ressources

young interns Patrick, Actualités

18 décembre 2024

Les stages chez Enabel, un tremplin pour les futurs projets de carrière et de vie

Rencontrez Patrick Rached, Sohaila Osman et Aunalia Magne Foungue, stagiaires à l’Unité Santé chez Enabel ces derniers mois.

En savoir plus

Actualités

18 décembre 2024

Renouvellement du partenariat entre Enabel et Port of Antwerp-Bruges International : un positionnement renforcé en Afrique

Enabel et Port of Antwerp-Bruges International annoncent le renouvellement de leur partenariat stratégique pour une période de cinq ans, visant à renforcer leur engagement conjoint sur l’Afrique.

En savoir plus

men standing in front of a solar panel Actualités

12 décembre 2024

Une nouvelle passerelle vers les compétences

L'initiative Team Europe OP-VET répond à un besoin crucial en Afrique subsaharienne : réduire le décalage entre les compétences des jeunes et les exigences du marché du travail.

En savoir plus

awa prize winners Actualités

22 novembre 2024

Le Prix Awa 2024 récompense 4 cheffes d’entreprises africaines inspirantes

L'Agence belge de développement Enabel a créé le prix Awa en 2022 afin de soutenir et mettre en lumière l'entrepreneuriat des femmes en Afrique et au Proche-Orient.

En savoir plus

Actualités

20 novembre 2024

COP29 : Enabel se réjouit du financement climatique de la Région wallonne pour la conservation des lacs Kivu et Tanganyika en Afrique

Le projet Tanganyika Kivu Water Management Project (TAKIWAMA), doté d'un budget total de 31 millions d'euros, s'inscrit dans le cadre de l'initiative européenne « Gestion des eaux transfrontalières en Afrique », qui vise à améliorer la coopération entre les pays africains pour une gestion durable des ressources en eau partagées.

En savoir plus

Actualités

18 novembre 2024

Cérémonie de remise de prix SoliDare Hub 2024 : Célébrons l’esprit d’initiative de jeunes pour la solidarité internationale

SoliDare Hub est une trajectoire qui soutient des projets de solidarité internationale menés par des jeunes en Belgique. Tout au long de ce parcours, ils développent leurs projets par le biais d'ateliers, de coaching et de mise en réseau.

En savoir plus

Restez informé·es

Suivez nos actions ainsi que les dernières tendances en matière de coopération au développement.

Newsletter Fr

« * » indique les champs nécessaires