Sous l’instabilité sahélienne, l’indispensable coopération internationale
Au cours des trois dernières années, la région du Sahel africain a connu une vague de coups d’État dans sept pays, de la Guinée sur l’océan Atlantique au Soudan sur la mer Rouge. Cinq coups d’État militaires ont réussi dans cinq pays, au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, au Niger et au Gabon, tandis que deux autres nations – le Tchad et le Soudan – ont connu des coups d’État constitutionnels.
Les réactions internationales disparates à ces coups d’État soulignent la complexité de la concurrence régionale et internationale intense entre les grandes puissances. L’Afrique est en effet devenue un carrefour de convoitises géopolitiques. Venues de la Chine et de la Russie notamment, qui y organisent des campagnes de désinformation massives visant à fragilisant l’Occident ; mais aussi des pays du Golfe, à l’instar des Émirats arabes unis et du Qatar, qui disposent de fonds financiers colossaux.
Défendre pour mieux coopérer
Si l’Europe a des intérêts stratégiques en Afrique, son influence y décroît à vive allure. De la même manière, la coopération européenne et belge avec l’Afrique, inscrite dans une logique de solidarité, doit s’adapter à la nouvelle donne géopolitique mondiale.
D’une part, la coopération internationale et les doctrines de politique étrangère doivent mutualiser leurs expertises et travailler ensemble. En effet, la diplomatie permet de créer un cadre pacifique, propice à la mise en œuvre de la coopération internationale et de partenariats égaux.
D’autre part, la guerre en Ukraine a confirmé ce que la plupart des Etats semblaient avoir négligé : l’Europe doit être en mesure de prévenir toute ingérence extérieure et revoir à la hausse les budgets alloués à la défense.
Mais il serait une erreur de brader la coopération, vecteur de coopération, au profit de la défense militaire, vecteur de sécurité. Sans paix, pas de développement…et inversement. Le contexte géopolitique appelle à une approche globale : ainsi, l’aggiornamento de la doctrine de défense européenne doit aller de pair avec le renforcement des instruments de la coopération internationale – y compris la diplomatie – pour créer les conditions de la paix, de la sécurité et du progrès. Plus que jamais nous devons investir dans leurs synergies et leurs complémentarités.
Le nouveau visage de la coopération internationale
Si les coups d’Etats précités ne sont pas justifiables aux yeux de nos démocraties, il ne doit pas en résulter une cessation de toute coopération – au risque de voir d’autres acteurs conforter leur emprise autoritaire.
Il est primordial de convaincre nos partenaires africains de relever ensemble les défis mondiaux, contribuer à la création de valeur ajoutée sur le continent africain, et renforcer nos liens économiques et nos partenariats internationaux. Souvent appréciée pour son approche modeste et pragmatique, la Belgique doit aspirer à faire mieux. Cela implique d’aligner nos actions sur les priorités formulées par les Etats africains, et d’utiliser l’expertise publique belge pour créer une véritable dynamique de changement. C’est ainsi que nous pourrons concevoir le partenariat international comme un outil de coopération durable.